samedi 11 juillet 2015

Marathon du Mont-Blanc: mon premier trail de montagne

Bonjour,

Pour cette année 2015, j'ai choisi comme gros objectif de la saison de faire un trail de montagne, pour arrêter mon choix, j'avais 3 critères:
1) qu'il soit dans les Alpes pour profiter au maximum du paysage ( je ne connais pas les Pyrénées et le déplacement est plus grand)
2) le ratio distance/dénivelé pas trop important pour un premier trail de montagne
3) des barrières horaires assez large
4) paradoxalement, que le nombre de coureurs soit important pour ne pas me retrouver seul quand je serais dans le dur

Mon choix s'est donc arrêté sur le marathon du Mont-Blanc laissant le hasard faire lors du tirage au sort qui m'a été heureusement favorable.

Pour profiter du week end et pour essayer de s'acclimater un petit peu à l'altitude, nous arrivons sur Chamonix le vendredi après midi pour voir arriver le premier du 80km puis regarder le km vertical (j'aurais bien relever le défi de ce km vertical sur 3km800 de course), le samedi sera plus touristique avec juste un petit tour pour voir l'arrivée du cross de 23km.

Le dimanche arrive enfin le départ du marathon, enfin car arrivé au samedi soir, la pression commençait sérieusement à monter surtout que je finissais de préparer mon sac.

L'hôtel étant situé juste à côté du départ, c'est presque au dernier moment que je me présente sur l'air de départ sur la place du triangle de l'amitié. Même si j'ai prévu un départ très prudent, je fais quand même un petit échauffement avant de me placer en milieu de "peloton" pour le départ. Quelques recommandation de l'organisation, une dernière photo de Chris, un applaudissement pour les bénévoles et les cloches sonnent pour donner le compte à rebours.


7h, le départ est donné, nous nous élançons dans les rues de Chamonix, la température est déjà bonne (voir chaude) et les encouragements des spectateurs sont nombreux, je cherche en vain Chris dans la foule mais celle ci est trop nombreuse. Vu le nombre de coureurs comparer à mes trails habituels, ce début de course donne plus l'impression d'une course sur route en province, j'essaye, avec succès, de gérer mon allure faciliter par le départ prudent des coureurs m'entourant.






Nous sortons de Chamonix et empruntons un chemin assez large mais malgré cela , ça bouchonne déjà un peu dès que ça grimpe, certains coureurs passent rapidement à la marche tandis que moi je fais selon mes sensations, je reste prudent avant le côte des Posettes.

Sans vraiment savoir pourquoi, je découpe la course en tranche de 10km en me basant sur des temps de passage d'1h30 à chaque tranche, je ne sais vraiment pas pourquoi peut être qu'inconsciememnt c'est pour me rassurer sur la 2ème partie du parcours. Autre précautions que je prends, je bois dans mes flask tous les 3km et une bonne gorgée avant le ravitaillement histoire de refaire le plein, je ne tourne qu'à l'eau juste un verre de coca au premier ravito.

Je passe les 10 premiers km en 1h08, je me sens bien, je donne un peu coup de fil à Chris,je lis les SMS , je profite du paysage, je prend 2-3 photos. En fait le parcours est assez facile jusqu'au 18ème km et sympa, nous passons dans des petits villages sympathique (ne me demander pas les noms, je ne sais absolument pas où je suis) , nous passons dans le massif des Aiguilles Rouges, je pense à Christophe qui y court sont TAR. Le paysage est magnifique au milieu de ces sommets.

Arriver à Vallorcine,  les choses sérieuses commencent avec la côte des Posettes au 18ème km, au pied de cette côte, les spectateurs sont nombreux à nous encourager ( le prénom sur les dossards sont quand même une très bonne idée) tel des chevaliers partant en croisade sur cette côte, je m'emporte un peu là...

Je sors mes bâtons qui étaient resté pour l'instant au chaud et commence la montée. Le début est déjà bien raide pour le normand que je suis mais j'arrive à être efficace et à me faufiler pour doubler quelques coureurs mais ça devient de plus en plus difficile au fur et à mesure donnant plutôt lieu à une grande file indienne de coureurs. Ce début de côte n'est techniquement pas très difficile...comparer à la suite. Tant que nous sommes en sous bois, j'arrive à garder un bon rythme sans perdre trop de temps, j'arrive d'ailleurs au 20ème kilomètre en 2h39, j'ai perdu un peu de temps sur mes temps de passage mais ça va, je suis encore bien mais dès que l'on arrive à "découvert" on sent que le soleil commence à taper. Arriver au sommet environ la distance de semi marathon, le ravito est le bien venu, je prends le temps de ravitailler en regardant le serpentin de coureurs allant au aiguillettes des Posettes, point culminant de la course avec 2200m.

Je suis un peu dans le dur là, le sol devient plus technique avec des pierres plus ou moins stable et des "marches" à gravir, ça tire un peu dans les quadris. Malgré le temps perdu pour arrivé en haut (env 30' pour faire 3km) je pense me refaire "la cerise" dans la descente, je sais qu'elle est technique mais je pense que ça va le faire. Avant d'attaquer la descente, je profite du paysage et de la vue incroyable. Je crois qu'à 1 ou 2 près, tous les coureurs qui m'entourent prennent des photos du paysage, des selfies ou simplement donne un coup de fil. Je prends en photo un couple de coureurs face au Mont Blanc puis j'attaque la ligne de crête.

Je fais attention où je pose mes pieds mais ça va encore puis arrive la descente. Je me rends rapidement compte que ça va être compliquer, que mon pied est plus campagnard que montagnard, que les descentes de mon entrainement que je pensais technique était en fait ridicule par rapport à ce que j' "affronte". Je descend prudemment faisant attention à mes appuis et aux coureurs et coureurs arrivants derrière moi surtout que certains et certaines descendent tel des chamois, j’hallucine totalement sur les appuis qu'ils ont même si l'accroche de mes chaussures (salomon speedcross) n'est pas mauvaise.

 Là je commence sérieusement  avoir mal aux cuisses avec des quadris en feu et curieusement, j'arrive à récuperer de cette fatigue musculaire lors des passages où je peux courir mais qui sont malheureusement trop rare. Je descend péniblement les marches de pierres et je vois inexorablement le chrono passé, j'arrive au 30ème km en 4h25.


Je crois encore que je vais pouvoir passer sous les 7h mais je suis physiquement fatigué par l'effort de concentration que me demande ce type de chemin. J'appelle Chris au 32ème km et lui dit qu'il me reste environ 1h30 de course, toujours sur ma base des 10km en 1h30 en fait j'en mettrait 1 de plus, je lis aussi les SMS envoyé par Greg. Malheureusement, je suis plus en mode randonnée que course, au ravito du 30ème, j'ai rempli un flask en isostar qui nous est proposer histoire d'essayer de reprendre un peu d’énergie.

Comme sur un marathon sur route, beaucoup de coureurs se reposent sur le côté du chemin, certains s'étirent tandis que d'autres ont malheureusement laissé à défaut de plumes, une cheville ou un genou râpé sur ce sol technique. je profite moins du paysage maintenant si ce n'est une halte à une cascade pour mouiller la casquette car là, ça tape sérieusement.

Petite satisfaction pour moi, malgré l'effort et ces satanés quadri, pas de signe de crampes, faut dire que je n'ai pas lésiné sur l'hydratation, je suis déjà pas loin des 3,5l-4l bu je pense même voir plus mais je ne suis plus trop lucide pour compter.

On arrive proche de l'arrivée, nous entendons le speaker au loin mais le mal est fait, je n'arrive plus à courir, je suis vidé. J'en ai eu du mal sur d'autres courses ( SaintéLyon, mon premier marathon de Paris) mais là, même dans les derniers km, je suis pas sûr que j'arriverais au bout, je me demande vraiment ce que je fous là.

40ème km, 6h57 de course, je me sent faible et en fait pas à ma place, que ce type de course est trop dur pour moi, je pense alors à ceux qui ont fait le 80km ou pire ceux qui font l'UTMB et du niveau que ça doit demander. J'essaye de reprendre un peu de poils de la bête et j'alterne marche et course. Je prend la dernière côte en pleine tronche , je suis obliger de m'arrêter à plusieurs reprises pour récupérer un peu.

L'arrivée est proche, le nombre de spectateurs fait penser à une arrivée du tour de France en montagne, je cours tant bien que mal pour en finir le plus vite possible mais je pense aussi pour faire un peu style: ça va je gère, devant les spectateurs, en fait je suis mort. J'essaye de faire bonne figure devant le Mont-Blanc qui se dresse devant moi

Les derniers hectomètres, enfin, je cherche Chris dans la foule et ouf je la trouve, un petit signe de la main puis je franchis la ligne d'arrivée. Le chrono est anecdotique avec un 7h34 et une 1095ème place sur 2013 arrivants soit le double de temps que le premier, un truc de ouf même si je savais que je finirais dans la moitié du classement.

Remise de la médaille de finisher et Chris me rejoint, elle verse une petite larme d'émotion et moi je l'imite également mais parce que je suis vidé, j'ai tout donné et les nerfs lâchent un peu. Je suis content qu'elle soit près de moi pour cette course

Je passe rapidement au ravito puis je vais m’asseoir dans l'herbe histoire de récupérer ce qui peut encore l'être.

Bilan: à chaud, je me suis dit plus jamais , je pense avoir souffert d'une préparation pas assez technique, de la chaleur et je pense aussi de l'altitude ( le maxi que j'avais fait en courant était de 800m)
Mais plusieurs jours de recul, je me dit que c'était génial en fait , la course est superbe, dur, technique mais avec un paysage à couper le souffle.
Bien sûr faire mieux sera difficile même si je sais ce qu'il me faut faire pour m'améliorer sur ces sols, qu'il serait prétentieux de vouloir viser plus haut, je pense que ma limite se situe autour des 50km sur ce type de course avec un tel dénivelé. Pendant la course, il me faut me dépasser, aller chercher au plus profond la force de continuer sans abandonner, ça fait mal physiquement mais aussi mentalement. Je pensais avoir pousser très loin lors de la SaintéLyon mais là, c'était autre chose, on vit pleinement la course, que l'on est tout petit au milieu de ces montagnes, sur la SaintéLyon, je pense que le fait de courir de nuit nous fait rentrer dans une bulle qui nous permet de faire km après km "plus facilement"
Une chose est sûr, je ne vais pas m'arrêter là sur les trails de montagne, peut être vais-je ressayer ce marathon l'année prochaine (en fait j'en ai de plus en plus envie), je ne ferai peut être pas mieux, enfin j'espère que si,  mais j'ai trouver ça génial.





Données Garmin: https://connect.garmin.com/modern/activity/818270534


@+
Kejaj