jeudi 19 avril 2012

Marathon de Paris 2012: CR d'un néo-marathonien...dans la douleur

Bonjour,

Emil Zatopek disais "Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon", je ne sais pas encore si être devenu marathonien dimanche, changera ma vie mais une chose est sûre, ça n'a pas été de tout repos.

Fin de prépa:

Les 2 dernières semaines, j'ai un peu lâché le plan. Je ne respecte plus les 4 séances par semaine, je me sent un peu fatigué physiquement et moralement, 12 semaines de prépa, c'est long.

J-1: retrait du dossard:

Le retrait des dossards ne peuvent pas s'effectuer le jour du marathon, petite contrainte pour nous provinciaux qui ne passeront pas le week-end sur place. C'est donc samedi après midi que l'on part retirer les notre, point de rendez vous chez mon père, à 60km de chez moi, pour mon frère et moi. Ensuite direction Paris, encore 70 km aller et 70 retour avec beaucoup de monde sur le périf. Le retrait des dossards est bien organisé malgré la foule, la queue à l'entrée du bâtiment avance vite et le retrait est rapide. On fait un petit tour sur le Running expo mais beaucoup de monde et on piétine beaucoup. On se limitera à quelques stands et retour chez mon père. On est parti vers 14h15, on est revenu à 18h30, je pense que cet après midi aura des conséquences sur le lendemain.

La soirée:

Je dors chez mon père qui sera notre chauffeur dimanche. Sur le Running expo, j'ai acheté du Gatosport que je prépare le soir pour le lendemain. Après le repas composé de pâtes, je regarde la finale de foot jusqu'à 22h30 et au lit, demain debout vers 6h pour un départ vers 6h30

H-quelques heures.

Tout compte fait, je suis réveillé vers 5h45 après une nuit assez calme comparée au précédente de la semaine qui étaient beaucoup plus agitées. Petit dej rapide avec le Gatosport et un café.
Départ pour Paris à 6h30, moins de monde sur la route et comme on part du Nord de Paris, le trajet est rapide, on arrive sur place après 45-50' de route.

H-1h

Grâce au restriction de circulation, il y a beaucoup de place libre ce qui nous permet de nous garer à quelques dizaine de mètre des Champs. Il fait plutôt froid, on profite des quelques minutes d'avance pour aller faire un tour sur la zone de départ, il n'y a pas encore grand monde. Beaucoup se prennent en photo (nous aussi). Beaucoup se mettent aussi le long des bâtiments pour essayer de se protéger du vent bien frais.
Retour dans la voiture pour se changer et se préparer avant de partir faire un petit échauffement. Les coureurs commencent à arriver et même à rentrer dans les sas.
On va les suivre pour aller faire une halte technique aux toilettes avant qu'il n y ai trop d'attente.*


On continuera encore un peu notre échauffement dans le sas. Je suis dans celui de 3h30 et je sais que d'autres membres de la Runnosphère y sont aussi mais en vain, je ne les voit pas et les coureurs se font de plus en plus nombreux. J'ai été un peu coupé des réseaux sociaux ce week-end et je sais pas si un point de rendez-vous à été défini que ce soit au départ comme à l'arrivée.
 On a vraiment pas chaud, je garde le pull jusqu'au dernier moment. L'approche éminente du départ permet de resserrer les rangs.


Départ:

le départ est donné, vague oblige, on avance doucement, on s'arrête, on repart... je synchronise ma montre et on passe la ligne de départ.


De 0 à 5km: chrono 24'14 (temps de passage 3h30: 24'50)


Je pars un peu plus rapide que mon allure marathon pour essayer de m'extraire du peloton, mon frère part carrément à grande allure et me lâche rapidement. Je met en place ma technique de course, je surveille mon allure pour ne pas aller trop vite et j’accélère à l'approche du ravitaillement pour pouvoir y prendre mon temps et ralentir un peu. Pour ce premier, je prends eau, sucre et un morceau de banane. J'ai un peu de mal à digérer la banane mais ça passe. C'est mon premier MDP alors je n'ai pas de comparaison mais j'ai trouvé que grâce au départ par vague, il n'y avait pas grand monde au ravito.
A l'approche du 5ème à la place de la Bastille, je cherche Jahom, me rappelant qu'il était placé là l'année dernière, je le vois et l'interpelle ce qui le surprend un peu je crois :-)


De 5 à 10km: chrono 48'47 (temps de passage 3h30: 49'40)


Toujours dans ma stratégie, je suis encore un peu plus en avance sur le temps de passage, tout va bien même si j'ai du mal à me réchauffer. Le profil de la course est un plus montant mais je ne le sent pas trop. J'accélère à nouveau à l'approche du ravitaillement, comme prévu, je prend un de mes gels (ndr: 1 tous les 2 ravitos). Toujours de l'eau, du sucre mais je remplace la banane par un quartier d'orange. Le meneur d'allure 3h30, le premier du sas est juste devant moi à quelques dizaine de mètres, beaucoup de coureurs sont agglutinés autour, je les suis un peu mais ils ont tendance à accélérer,ralentir, repartir... je préfère garder un peu mes distances et être le plus possible régulier



De 10 à 15km: chrono 1h13'45 (temps de passage 3h30: 1h14'30)


 Je continu tranquillement mon bonhomme de chemin, on arrive dans le bois de Vincennes, je reconnais les lieux pour être venu à une Veillée du bois . Beaucoup profitent de coins de verdure pour faire une pause technique. Approche du 15ème, je prend à ce ravitaillement comme au précédent mais avec des raisins secs en plus








De 15 au semi: chrono 1h43'47 (temps de passage 3h30: 1h44'18)



Le passage dans le bois de Vincennes avait un côté bucolique au début mais ça commence à être long et c'est avec plaisir que l'on retourne dans Paris intramuros, le retour se fait avec un léger faux plat descendant ( de mémoire), je fais attention à ne pas trop me lâcher. J'ai aussi profiter des ces hectomètres dans le bois pour faire une pause pipi ( comme le meneur d'allure d'ailleurs ce qui lui a permis de se faire gentiment chambrer) .
Je commence à sentir l'effort mais sans avoir très chaud



Du semi à 25km: chrono 2h03'34 (temps de passage 3h30: 2h04'10)

Il y a , comme depuis le début ou presque, pas mal de monde sur le bord de route, je crois que c'est là, de mémoire, que je fais un petit signe à Djailla . Je ne reconnais pas particulièrement le parcours, je suis trop dans ma course et ma connaissance de Paris est trop faible, je me rappelle juste que l'on va bientôt emprunter les quais.







De 25 à 30km: chrono 2h31'20 (temps de passage 3h30: 2h29')


Je m'approche de l'inconnu, ma distance la plus longue était jusqu'à maintenant de 27km. Il commence à y avoir des descentes-montées, au 26ème km à l'approche d'une descente, je décide de levé un peu le pied histoire de garder un peu d'énergie pour la remonter. Dans ce ralentissement volontaire, grosse pointe derrière la cuisse gauche, claquage, crampe...je sais pas trop. Le doute et la peur s'installent immédiatement, je marche un peu, la douleur s'atténue mais reste là comme attendant le moment propice pour ressurgir. Pour ajouter un problème supplémentaire, lors du passage sous le long tunnel, la synchro GPS doit jouer des tours car les chronos deviennent farfelus ( autour des 3' au km) dommage car elle avait été assez précise jusque là et je ne pourrais plus me fier au km affiché. J'ai pris du retard sur le temps de passage


De 30 à 35km: chrono 3h03'18 (temps de passage 3h30: 2h53'50)


Je suis interpellé par Sebrom qui m'encourage.
Je commence à avoir très mal aux jambes et le doute s'est installé ce qui ce ressent tout de suite sur les allures, au 32ème km, je commence à avoir des crampes derrière les 2 cuisses, ce qui m'oblige à marcher voir de devoir m'arrêter pour faire un peu d'étirements. Il me reste plus de 10 km à faire, le moral en a pris un coup, je me demande ce que je fout là, si tout ça en vaut vraiment la peine .L'idée de devoir, ou de vouloir, abandonner me traverse l'esprit mais je me remémore les séances d'entrainement dans le froid, la neige, la pluie, le brouillard, la chaleur... je chasse immédiatement cette option de ma tête, même en rampant, je finirai ce marathon, mon marathon.
Je compense ma foulée pour essayer de limiter les crampes mais je commence à avoir mal aux mollets.Je commence à me faire doubler de tous les côtés....


De 35km à la fin



10' de retard quand j'attaque cette dernière portion, je sais toujours pas comment je vais finir mais un chose est sûr, je vais finir. J'alterne course et marche, comme beaucoup de coureurs d'ailleurs, le public m'encourage, nous encourage "ALLEZ J-ALEX, c'est bientôt fini" je sais, dans ma tête je le sais mais les jambes ne suivent plus, je sent le mollet droit qui bouge tout seul. Désormais, comme depuis la portion précédente, au ravito, je prends 2 bouteilles d'eau, une pour boire et une autre pour m'arroser les jambes, je sais pas si c'est la bonne solution mais ça fait du bien. Je prend de tout, raisin, orange, banane,sucre.
Je scrute ma montre, c'est mort pour les 3h30 même pour les 3h45. Il me reste de finir sous les 4h
La douleur est tellement présente de toute part que je me rappelle même pas du parcours
Vers le 40ème kilomètre, Sebrom se met à courir quelques mètres à côté de moi, il m'encourage, je lui répond que j'en peu plus que j'ai des crampes partout aux jambes même aux orteils. Il me prend en photo, m'encourage un dernière fois et repart comme il est venu. Il ne le sait pas mais grâce à lui j'ai couru jusqu'à la fin sans m'arrêter. Je devais pas être beau à voir, je devais courir comme, comme...je sais même pas quoi. La foule se fait plus dense dans les derniers hectomètres, les encouragements fusent de tous les côtés
Presque 55' pour faire les 7 derniers km

Arrivée: chrono: 3h57'09 obj 3h30

Je suis dans un état second lorsque je franchis cette ligne d'arrivée, j'ai passé les derniers kilomètre complètement dans ma bulle, tout est flou. Je ne lève même pas les bras. Sur le coup, j'ai l'impression d'avoir totalement raté ma course, que d'avoir dû alterner marche et course était un signe fort d'échec, je me sent presque comme un  intrus parmis tous ces marathoniens néo ou confirmer.

J'ai très vite froid, je croise Giao, on échange 2-3 mots mais j'ai trop froid, je récupère médaille et tshirt de Finisher, passe au ravito pour boire, j'ai froid. Bizarrement les jambes vont mieux, je n'ai plus de crampes, j'ai mal aux jambes bien sûr mais plus dû à l'effort.

Tshirt et médaille, mais si je suis marathonien, je réalise pas encore, j'ai froid, je met le coupe vent, j'ai froid.

J'arrive quasiment au bout du sas d'arrivée,j'avais rendez vous avec mon frère à la lettre J mais je ne verrais jamais ces foutues lettres j'appelle mon père, il est garé rue Foch proche de la ligne d'arrivée, j'ai froid je sors du sas et redescend l'avenue Foch. Une fois retrouvé, je me change dans la voiture, je suis pas spécialement fatigué, je pourrai pas recourir, je suis courbaturé mais pas pire qu'après mon premier semi. Mon père est parti cherché mon frère qui lui à trouvé la lettre J

Mon frère, il fini en 3h46 également avec des crampes.

Au lieu de rester dans la voiture, je repars vers mon père et mon frère qui redescendent l'avenue Foch, je ramène des affaires chaudes pour mon frère, faut prendre soin de son grand frère.

On est tous les 2 un  peu hagard, on ne pense même pas à faire de photo. On veut qu'une chose, rentrer




Compte Rendu:

Coureur Runnosphère:
Giao: résultat du marathon de paris 2012
jecoursparis: Marathon de Paris 2012, mon baptême sur la distance
Greg: Marathon de Paris 2012: le récit de mon nouveau record
Noostromo: Marathon de Paris 2012: bonheur et douleur
Maya: plusieurs billets
RunReporterRun: Marathon de Paris 2012

Coureur:
Running Gou: mon premier marathon: Paris le 15 avril 2012
Renaud: CAP MARATHON: Marathon de Paris 15 avril 2012

Supporter:
Djailla:273eme-sortie-accompagnateur-marathon-de-paris
Jahom: à l'école du marathon
RunningSebrom: marathon de Paris 2012: en mode reporter
Julien: marathon de Paris: supporter et photographe


@+
Kejaj

PS: bilan de la course dans un prochain billet

13 commentaires:

  1. Félicitations pour avoir tenu bon jusqu'au bout !! Comme toi j'ai connu une fin de marathon très difficile.
    Te voilà marathonien maintenant, c'est pas rien !!
    Bon repos et rdv l'année prochaine pour les 3h30 :-)

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  2. Hello,

    Félicitations ! Effectivement tu es marathonien maintenant ! on ne pourra plus te l'enlever ! Je suis surpris par ton mental ! il était très fort, penser aux sorties hivernales, de nuit, etc... c'est ce qu'il fallait faire. Si tu avais de suite réalisé 3h30, quel aurait ton prochain objectif ? au moins ainsi tu sais de quoi il en retourne et tu pourras progresser dans la prépa puisque le moral tu l'as déjà ! encore bravo ! tu arrives 11601e, rappelle moi le nombre d'arrivants... ? çà fait combien qui aimerait être à ta place ?

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  3. Un grand BRAVO! tu l'as eu aussi dans la douleur ton premiere marathon! Ca été bien de ne pas lasser. Merci pour ton CR.

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  4. H-O-U-R-A
    Super marathon, quand on ne l'a pas fait on sait pas, mais quand on l'a fait...
    Je comprend très bien la sensation de "bulle" avec la fatigue et la souffrance, je ne l'ai pas vécu sur mon marathon car nous étions 3 a courir ensemble. Mais ton mental d'acier t'a montrer les bonnes images pour continuer et finir.

    Très chouette compte rendu aussi. La pagination soigné, les titres et les photos facilite la lecture et améliore la sensation de "vécu". J'aime bien.

    Très heureux pour toi.

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  5. Bravo les frangins ! Je trouve que jusqu'à ton problème de crampes tu as admirablement géré ta course. ça faisait plaisir de te voir passer à Bastille ! Ensuite les aléas du marathon prennent parfois le dessus, surtout pour un premier essai.
    A lire ton combat pour la médaille de finisher, je me suis rappelé le mien en 2010 au même endroit ;)
    Bonne récup' et à bientot

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  6. @Running Nantes: Merci, maintenant c'est repos! j'ai lu ton CR, beaucoup de similitudes avec moi, notamment la fatigue en fin de plan

    @Izhonu: merci, 4 séances par semaine pendant 3 mois, hors de question d'abandonner

    @jecoursparis: merci et bravo à toi aussi! tu fais un super chrono pour ton premier marathon et au courage aussi

    @Patacoufin:merci, c'était vraiment dur mais je ne pouvais que finir

    @Philippe: merci, pas facile les 10 derniers km, je crois avec le recul, qu'un premier marathon se prépare beaucoup plus tôt

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  7. Une fin de marathon à la mode "guerrier". Bravo.

    N'oublie pas que tu es toujours le bienvenu chez moi. J'ai Aaussi posté mon CR du mdp.

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  8. @Running gou: merci, tu as encore un peu de retard, j'ai déjà lu ton Cr, j'avais pas laissé de com car je ne sais pas trop quoi dire au vu de ta perf à part que je suis admiratif mais voilà c'est fait, je met le lien vers ton Cr

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  9. BRAVO pour ce courage dont tu as fait preuve.
    Et puis un premier marathon en moins de 4h, ça le fait quand même, non ?
    Apprécie comme il se doit ton nouveau statut de marathonien :) Bonne récup'

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  10. bien joué, félicitations! C'est chouette d'avoir terminé, même si ce n'est pas sur le temps que tu désirais

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  11. Et bien, BRAVO, tu es marathonien maintenant, même si rate ton objectif c'est pas grave, tu as passé la ligne d'arrivée et ça c'est le plus important. Encore bravo et bonne récupération.

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  12. @Renaud: merci, avec le recul j’apprécie mieux ma perf
    @Mr Strongman: merci ça n'a pas été facile, j'ai vu tes galères, bonne récup et soigne ton genou
    @Rohnny: merci, maintenant c'est récup mais ça va déjà mieux,plus de courbatures

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  13. C'est le premier et la bonne affaire c'est qu'au prochain, ce sera un record personnel. Avec ta préparation , tu aurais pu faire ce 3h30 sans difficulté. Ta préparation était adéquate, ne t'en fait pas.

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